La Banque du Canada maintient son taux directeur à 2,75 % – Ce que cela signifie pour vous
- Simon Bilodeau
- 4 juin
- 5 min de lecture
Ce matin, le 4 juin 2025, la Banque du Canada (BdC) a annoncé sa décision de maintenir le taux directeur à 2,75 %. C'est la seconde pause consécutive après une série de baisses de taux totalisant 225 points de base depuis juin 2024. La prochaine réunion aura lieu le 30 juillet 2025.

Contexte économique : La décision de la BdC était très incertaine. Elle a choisi de maintenir le taux constant, car les données économiques n’avaient pas encore dégradé autant qu’elle l’anticipait. Selon moi, c’est une erreur, car la situation économique du Canada est déjà fragile. Elle aurait dû commencer à réduire le taux dès aujourd’hui pour éviter d’avoir à le faire plus tard de façon plus sévère. La BdC conduit l’économie canadienne en regardant dans le rétroviseur au lieu de regarder à travers le pare-brise. Voici quelques exemples de données qui vont probablement se détériorer prochainement :
Croissance du PIB : L’économie canadienne a progressé à un rythme annualisé de 2,2 % au premier trimestre 2025, dépassant les attentes. Cette croissance a été tirée par les entreprises qui ont accéléré leurs exportations avant la mise en place prévue de tarifs douaniers américains. Beaucoup d’activités économiques qui devaient avoir lieu dans les 6 premiers mois s’est produite au premier trimestre, donnant une image positive, mais temporaire. Le second trimestre risque de chuter brutalement. La consommation des ménages a fortement ralenti à 1,2 % de croissance, contre 4,9 % au trimestre précédent. Les biens durables (voitures, électroménagers, électronique) ont diminué de 5,6 %. À moins d’un retournement spectaculaire de la confiance des Canadiens, cette tendance devrait se poursuivre.
Tendances de l’inflation : L’inflation globale a diminué à 1,7 % en avril, en raison du retrait de la taxe carbone. Toutefois, l’inflation sous-jacente a légèrement augmenté, dépassant parfois la cible de 1 à 3 % de la Banque du Canada, ce qui signale des pressions persistantes sur les prix. Cela découle en partie des tarifs douaniers américains et des mesures de représailles. Cela ajoute du « sable dans les engrenages » des chaînes d’approvisionnement mondiales, ce qui augmente les coûts des biens et services. C’est inflationniste, mais les taux d’intérêt n’ont aucun effet sur ce phénomène: les maintenir élevés ne fait que ralentir l’économie.
Marché du travail : Le taux de chômage national est passé à 6,9 %, une forte hausse depuis mai 2022, début de la hausse des taux. Le chômage est un indicateur retardé : les entreprises licencient après plusieurs mois de mauvaises données économiques et non en prévision, car former et embaucher coûte cher. 6,9 % n’est pas catastrophique, mais loin du plein emploi à 4 %. Comme le montre la Figure 1, la tendance n’est pas favorable.

Délinquance des dettes : Les taux de délinquance des prêts voiture continuent d’augmenter : de 1,47 % à 1,51 % en mars (dernière donnée). La délinquance des cartes de crédit a bondi de 20 %, atteignant 1,43 %. La délinquance hypothécaire est passée à 0,19 % (+6,5 %). Les ménages commencent à ressentir les effets d’un ralentissement économique. Rien d’alarmant pour le moment, surtout sur le marché hypothécaire. Par exemple, à Ladner (ma ville), il y a environ 8 300 maisons; 50 % n’ont pas d’hypothèque (statistique pour l’ensemble de la Colombie-Britannique). Donc, 4 150 maisons ont une hypothèque. Cela signifie qu’il n’y a que 7 ou 8 ménages (7.47 %) en retard de plus de 90 jours sur leur prêt hypothécaire. Il est fort probable que ces propriétaires soient décédés, gravement malades, en instance de divorce ou, dans quelques cas, qu’ils aient perdu leur emploi. Les Canadiens sont réputés pour donner la priorité au paiement de leur hypothèque, et je ne pense pas que cela changera de sitôt. À ces niveaux, cela ne provoquera pas de bouleversement majeur sur le marché immobilier. En revanche, les prêts automobiles et les dettes de cartes de crédit amèneront tout le monde à commencer à rembourser leurs dettes — ce qu’ils font déjà depuis le début de l’année — ce qui ralentira l’économie. (Les effets positifs et négatifs du remboursement des dettes sur l’économie sont un sujet complexe qui mériterait une discussion à part entière.)
Vague de renouvellement hypothécaire : Sujet rarement évoqué dans les médias depuis les tarifs : 4 millions d’hypothèques (60 % du marché) arrivent à échéance dans les 24 prochains mois. Selon le Rapport de stabilité financière 2025 de la BdC, la hausse moyenne des paiements sera de 8 %. Cela semble faible — mais voici pourquoi : si vous avez contracté un prêt à 2 % et que votre nouveau taux est de 4 % (cas fréquent pour les prêts de 5 ans contractés en 2020 au début de 2022), votre paiement augmentera d’environ 20 %. Le plus haut que j'ai calculé pour un client est 26%. Il est quand même possible que certaines personnes puissent voir des hausses plus élevées. Pour ceux ayant pris un taux fixe de 3 ans à 6 % il y a deux ans, ce sera une baisse, ce qui est beaucoup plus facile à gérer. En moyenne, cela semble supportable, mais individuellement, cela peut être difficile. La plupart des propriétaires peuvent absorber cette hausse, mais cela réduira leur consommation : moins de restaurants, pas de nouvelle télévision, report de l'achat d'une automobile ou d’une rénovation. Cela nuit à l’économie. Chaque année, les gens reçoivent des augmentations de salaire ; si l’inflation reste à 2 %, le pouvoir d’achat se rétablira et ce problème sera oublié d'ici à quelques années.
Marché immobilier
En avril 2025, le marché immobilier en Colombie-Britannique connaît un ralentissement des ventes et une augmentation des stocks. Voici un résumé :
Ventes résidentielles : 6 453 ventes, en baisse de 14,6 % par rapport à avril 2024 — un creux en 20 ans.
Prix moyen : 1 012 000 $, en baisse de 2,3 %.
Inscriptions actives : 31 000, en hausse de 28 %, signe d’un marché plus équilibré.
Cela favorise les acheteurs : meilleure marge de négociation, conditions favorables, dates de possession flexibles. Il y a beaucoup moins de chance de surenchères.
Ce que l'annonce d'aujourd'hui signifie pour vous :
Prêt hypothécaire à taux variable : Aucun changement pour le moment. Des baisses de 0,5 à 0,75 % sont toujours prévues d'ici à la fin de l’année.
Prêt hypothécaire à taux fixe : Aucun changement, votre taux est fixe jusqu'au renouvellement.
Acheteurs potentiels : Un contexte stable pour planifier votre achat, mais restez attentif aux changements possibles. Si vous essayez de juger le marché pour acheter au point le plus bas, vous risquez de vous faire prendre et de manquer votre coup. Vous attendez possiblement le même indicateur que tous les autres acheteurs et vous risquez d'acheter dans des conditions moins favorables.
Prochaines étapes : Prochaine annonce de la BdC : le 30 juillet 2025. Restez informés pour anticiper l’impact sur votre prêt hypothécaire.
Des questions ou besoin d’un conseil ? Je suis là pour vous aider à y voir clair. Prenez rendez-vous ici :
Simon Bilodeau
604-828-9864
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