La Banque du Canada Maintient Son Taux Directeur à 2,75 % – Ce Que Ça Veut Dire Pour Vous
- Simon Bilodeau
- Jul 30
- 5 min read
Cher lecteur, Ce matin (30 juillet 2025), la Banque du Canada (BdC) a annoncé qu'elle maintient son taux directeur à 2,75 %, inchangé pour une troisième décision consécutive, après deux baisses de 0,25 % plus tôt cette année. Le taux de base des banques reste donc à 4,95 %, ce qui signifie que les emprunteurs à taux variable ne verront aucun changement dans leurs paiements pour le moment.
Cette pause prudente reflète la volonté de la BdC de trouver un équilibre entre les pressions inflationnistes persistantes et les signes de ralentissement économique. Prochaine annonce : le 17 septembre 2025.

Perspectives économiques : Risques de récession vs inflation
L’économie canadienne a affiché une résilience surprenante au premier trimestre (T1) (croissance du PIB d’environ 2,2 %), en partie grâce à des achats anticipés des entreprises avant l’entrée en vigueur de nouveaux tarifs douaniers. Mais cet élan initial s’est estompé, et la BdC prévoit maintenant une performance plus faible au T2. Ces dépenses devancées ont probablement réduit l’activité économique du reste de l’année. La BdC elle-même prévoit une contraction du PIB au T2.
Certaines prévisions privées vont plus loin : la FCEI s’attend à une contraction de 0,8 % aux deuxième et troisième trimestre, ce qui correspondrait à la définition technique d’une récession. Malgré cela, la BdC maintient son scénario de base d’une croissance modérée au dans la deuxième moitié de 2025.
Les tensions commerciales restent élevées et les perspectives d’un nouvel accord avec les États-Unis s’amenuisent. Je pense qu’un accord finira par voir le jour – mais probablement moins avantageux que les précédents. Par ailleurs, aucun budget fédéral n’a été déposé, laissant les marchés obligataires dans l’incertitude : Ottawa planifie-t-il un déficit de 40 ou de 100 milliards ? Je prévois un déficit 2025-2026 plus proche de 85 à 90 milliards, bien au-dessus du « garde-fou » de 40 milliards promis.
Ce niveau de dépenses pourrait éventuellement forcer la BdC à reprendre ses achats d’obligations, surtout si personne ne veut voir les taux dépasser de nouveau les 5 %. Donc, même si officiellement la BdC ne prévoit pas de récession, le risque est bien présent – elle n’est tout simplement pas encore prête à réagir.
Marché du travail et immobilier
En juin, le taux de chômage a légèrement diminué à 6,9 % (contre 7,0 % en mai) et le taux de participation à la population active est monté à 65,4 %. Il est trop tôt pour parler d’une tendance. Cela pourrait s’expliquer en partie par le fait que les Canadiens ont voyagé davantage au pays (les voyages vers les États-Unis sont en baisse d’environ 30 % cette année), et par des ajustements de chaînes d’approvisionnement qui ont temporairement favorisé l’emploi manufacturier local (+10 100 emplois en juin). Le commerce de gros et de détail a aussi ajouté 34 000 emplois.
Mais est-ce que ça va durer ? Mon inquiétude principale porte sur l’immobilier, qui représente entre 20 et 28 % du PIB canadien selon les estimations. On observe une hausse de 30 % des mises en chantier, mais la majorité est axée sur les logements locatifs et concentrée dans les Prairies et au Québec. En revanche, Toronto et Vancouver sont en baisse de 20 % par rapport à leur moyenne sur 10 ans, et en C.-B., les ventes sont 25,8 % sous la tendance historique. Avec l’annulation de nombreux projets, un ralentissement de la construction est possible en 2026, à moins que les acheteurs ne reviennent massivement sur le marché.
Inflation et taux fixes
L’inflation demeure une des raisons principales pour lesquelles la BdC n’a pas réduit ses taux aujourd’hui. L’IPC d’avril (1,7 %) a été faussé par un remboursement fiscal temporaire – une fois ajustée, l’inflation sous-jacente se situait plutôt autour de 2,3 %. Les enquêtes montrent que de nombreuses entreprises prévoient d’augmenter leurs prix en raison des tarifs douaniers et des coûts de transport, laissant présager une inflation persistante dans les mois à venir.
C’est pourquoi le marché obligataire a fait grimper les taux hypothécaires fixes récemment, même si la BdC reste sur pause. La Banque centrale est face à un dilemme : elle doit contrôler les attentes en matière d’inflation, sans aggraver le ralentissement économique.
Des taux plus élevés ne régleront pas les problèmes d’approvisionnement mondiaux. En fait, des taux plus bas favorisent l’investissement, et c’est là où le Canada prend du retard. L’investissement des entreprises par travailleur est de seulement 14 687 $ au Canada contre 26 751 $ aux États-Unis. Cet écart de productivité nuit aux salaires, aux recettes fiscales et à notre croissance à long terme. Stimuler l’investissement en capital pourrait être le levier dont nous avons besoin : plus de productivité, de meilleurs salaires, une inflation plus faible et des finances publiques renforcées.
Récapitulatif rapide
La BdC maintient son taux à 2,75 % et ne prévoit officiellement pas de récession immédiate.
L’inflation dépasse la cible une fois les effets ponctuels retirés.
Les tensions commerciales, l’absence de budget fédéral et le ralentissement immobilier sont des signaux d’alerte.
Les taux fixes augmentent en raison des craintes inflationnistes.
Le Canada doit investir davantage par travailleur pour rattraper les États-Unis.
Que signifie cela pour les acheteurs ?
Des taux stables et une incertitude économique peuvent créer des occasions pour les acheteurs. L’inventaire augmente, la concurrence diminue et certains vendeurs sont plus flexibles. Si vos finances sont solides, il pourrait s’agir d’un bon moment pour acheter dans un marché plus équilibré.
Les taux hypothécaires fixes et variables tournent autour de 4,3 %, bien en dessous des sommets de l’an dernier. Et si les baisses de taux reprennent plus tard en 2025, les taux variables pourraient encore baisser au moment de votre clôture ou de votre renouvellement.
Cela dit, assurez-vous que vos revenus sont stables et que votre budget prévoit une marge de sécurité – surtout si une récession devait survenir. Mais pour de nombreux acheteurs, c’est une occasion de négocier de meilleurs prix, de prendre le temps de magasiner et d’éviter la pression des guerres d’enchères.
Impact sur les taux et paiements hypothécaires
Hypothèques à taux variable : Le taux préférentiel reste à 4,95 %. Aucun changement de paiement pour le moment, mais des baisses sont possibles si l’économie faiblit.
Hypothèques à taux fixe existantes : Aucun impact – votre taux reste inchangé jusqu’au renouvellement.
Nouvelles hypothèques à taux fixe : Les taux ont tendance à augmenter en raison de la hausse des rendements obligataires et des risques inflationnistes. Les offres actuelles tournent autour de 4,3 % et pourraient grimper davantage. Si vous êtes en processus d’achat ou de renouvellement, envisagez de verrouiller un taux rapidement.
Conclusion
La décision d’aujourd’hui ne change rien immédiatement pour la plupart des emprunteurs, mais le contexte global est complexe : l’inflation persiste, les risques de récession augmentent et les taux fixes montent quand même.
Plus que jamais, votre stratégie hypothécaire doit aller au-delà du simple taux d’intérêt. Que vous achetiez, renouveliez ou refinanciez, discutons de la structure hypothécaire qui vous convient.
📞 Prenons rendez-vous. Réservez une consultation gratuite ou appelez-nous. Nous sommes là pour vous aider à comprendre les enjeux actuels et à faire des choix hypothécaires éclairés.
Cordialement,
Simon Bilodeau et Gina Lopez
604-828-9864